Famille d’un meunier au 18e siècle

Pierre et Marie à Collonges-au-Mont d'Or...

Pierre Ayné et Marie Logier, son épouse, étaient de Collonges-au-Mont d’Or.  Ils  se marièrent le  17 novembre 1739. Pierre avait 28 ans, Marie en avait 22. Les parents de Pierre étaient vignerons et laboureurs au service d’un bourgeois, propriétaire d’un grand domaine. Marie était la fille d’un maréchal-ferrant de Saint-Genis-Terre-Noire vers Rive-de-Gier.

Après quelques années à Collonges où leurs trois premiers enfants naissent, le couple quitte en 1747 le village pour s’installer près du domaine de la Dargoire. Pierre est vigneron comme son père, mais bientôt il va changer de métier…

De vigneron à meunier...

Pierre devient meunier, puis maître meunier. La famille habite le “moulin dit du Pont en Vaque de cette paroisse de Saint Cyr au Mont d’Or“. Tout semble aller pour le mieux dans cette famille de huit enfants. Ils ont la gestion de deux moulins, l’autre est appelé “de Treille“. Ils cultivent quelques céréales dans la fertile plaine de Vaise…

Ces deux moulins existaient ici depuis la nuit des temps. La première mention de celui habité par notre couple, date de 1377 le nommant “moulin du vieux pont“.

moulin du Pont (archives privées)

Pierre et Marie tenaient ces deux moulins depuis longtemps, grâce à un bail en fermage conclu le 6 décembre 1747 avec madame veuve Vionnet, la noble dame du château de Rochecardon.

DRAME FAMILIAL !

Pierre décède le 19 juillet 1763 à l’âge de 52 ans, laissant à sa veuve la charge de leurs huit enfants… Tous mineurs ! Mais la majorité civile était de 25 ans… Le plus jeune des enfants avait 2 ans, le plus âgé 23 ans. La solidarité familiale va jouer, car les fils aînés vont prendre la suite du moulin.

Nous allons plonger dans la vie quotidienne de cette famille de meuniers, grâce à l’inventaire après décès, réalisé par des fonctionnaires de Saint Cyr. Ils ont rédigé un document passionnant que nous avons retrouvé dans les archives de justice sous la côte 2B368. Ce manuscrit commence ainsi  “nous nous sommes transportés au domicile du deffunt Ayné pour procéder à la description sommaire des meubles et effets (…) pour l’intérêt des enfants mineurs pour la conservation de leurs droits“.

Entrons dans la vie d'un meunier...

Nous sommes au mois de juillet, et cette année là depuis un mois, les ruisseaux sont presque à sec ! La roue du moulin ne peut plus fonctionner. Alors, Marie et l’aîné des garçons sont partis avec une charrette chargée de blé de l’autre côté de Lyon, faubourg de la Quarantaine pour un moulin “qu’ils tiennent depuis peu“. En effet, la vie doit continuer malgré tous ces malheurs qui sont tombés… Il faut contenter les clients, de nombreux boulangers et quelques particuliers. Les ruisseaux des Monts d’Or, parfois en colère emportaient des moulins qu’il fallait reconstruire, ou au contraire, comme cette année-là, ils manquaient d’eau…

Le faubourg de la Quarantaine portait ce nom en mémoire des pestiférés regroupés ici à l’extérieur des portes de Lyon. Ce lieu se situe au sud du quartier Saint Georges, le long de la Saône. Aujourd’hui, nous pouvons emprunter la rue de la Quarantaine. De nombreux bateaux-moulins bordant ce faubourg profitaient du courant continu de la Saône. La famille Ayné avait loué un de ces bateaux-moulins, leur permettant d’assurer la continuité de service !

Suivons maintenant les fonctionnaires du seigneur de Saint Cyr, accueillis par Marie, l’une des filles âgée de 17 ans. Ils comptent les volailles de la basse- cour : 40 poules et coqs, 8 canards. Ce ne doit pas être simple de compter des poules qui vont et viennent ! Ils notent également une charrue avec son soc, le foin dans la grange au-dessus de l’écurie, une quantité importante évaluée à 40 quintaux. Deux cents gerbes de blé, froment et seigle, viennent d’être moissonnées ; c’est une belle quantité de plus d’une tonne (une gerbe fait de 6 à 15 kg, variable selon les régions).

  Le meunier pouvait être aussi paysan. Les activités étaient mutiples à cette époque. Jusqu’au début du 20e siècle, on cumulait souvent plusieurs métiers, carrier et vigneron, mais aussi meunier et laboureur comme ici… Le dessin de gauche, une représentation d’une bâtisse à Rochecardon du 19e siècle, ne pourrait-elle pas correspondre à l’habitation de notre famille Pierre et Marie Ayné?

Si vous souhaitez en savoir plus sur les moulins du vallon de Rochecardon, cliquez sur le lien ci-dessous et vous pourrez consulter ou télécharger le document en entier.

Post-scriptum : Dans notre document téléchargeable, à propos de cet inventaire après décès, nous écrivions : “sans doute le moulin du Pont “. Les actes de naissance retrouvés depuis, confirment bien que la famille Ayné habitait là !

Source documentaire : Archives départementales du Rhône cote “2B368” justice seigneuriale de Saint Cyr au Mont d’Or, inventaire après décès. Actes d’état civil de Saint-Cyr et Collonges au Mont d’Or.

2 commentaires

  1. Bravo Philippe !
    C’est la vie des gens dans un contexte historique ou archéologique qui nous intéresse.

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