Des larves aquatiques
Les larves aquatiques de libellules sont de terribles prédateurs. Muni d’un “masque“, une pièce buccale articulée, l’animal projette brusquement cet organe en avant pour saisir sa proie. La larve ci-contre est celle d’un cordulégastre annelé, vivant enfoui dans le substrat, chassant à l’affût, prête à dévorer l’imprudent qui s’approche !
Effrayante bestiole qui se transformera en élégant insecte…
Ruisseau ou mare, des espèces différentes
Les espèces sont différentes selon qu’elles pondent dans un milieu d’eau vive de ruisseau ou dans une eau stagnante comme une mare ou une flaque permanente. Dans le vallon de Rochecardon, nous connaissons seulement deux espèces d’odonates vivant en eau vive ; celles vivant en eau stagnante sont beaucoup plus nombreuses !
Un peu de systématique avant de continuer....
L’ordre des odonates comprend deux sous-ordres, les zygoptères, les petites libellules appelées “demoiselles” aux ailes jointes et les anisoptères, les “grosses libellules” aux ailes étalées.
Deux espèces d'eau vive des ruisseaux du vallon : Cordulegastre et Calopteryx
Dans les ruisseaux de Saint André et de Rochecardon, vivent deux espèces de libellules : une demoiselle nommée Caloptéryx vierge (Caloptéryx virgo), et un anisoptère le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltoni), une espèce patrimoniale du massif des Monts d’Or lyonnais.
Le Cordulégastre annelé a un cycle larvaire aquatique de deux ou trois années et nous nous posions donc la question de sa pérennité ! A-t-il survécu après plusieurs années consécutives de sécheresse, notamment ces étés 2022 et 2023 ?En effet, le ruisseau a été asséché pendant presque quatre mois sur un bon kilomètre, comme le montre la photo de droite. En aval, un simple filet d’eau a-t-il permis à cette espèce de survivre?
La réponse est oui!
Nous voila soulagés…
Nous en avons croisés plusieurs exemplaires aux mois de juin et août 2024 lors de nos sorties nature. Nous les avons découverts sur le ruisseau de Saint André moins touché par la sécheresse. C’est une bonne nouvelle, car le Cordulégastre annelé est une espèce patrimoniale des Monts d’Or, une espèce de montagne très rare en plaine….
Nous participons à la réalisation d’un Atlas de la biodiversité communale (ABC), sur le massif des Monts d’Or. Ce projet initié par le Syndicat Mixte Plaines Monts d’Or doit durer 3 années jusqu’en 2026. Notre association Roch’nature, mais aussi la LPO/ Rhône, la FNE/Rhône, la Pie Verte et le Conservatoire botanique du Massif Central participent à cet inventaire.
La deuxième espèce, plus banale, se fait néanmoins remarquer par sa couleur éclatante ! Il s’agit du Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo) dont la larve se développe sur environ 10 mois. Puis, la période de vol s’étend de mai à août.
Elle est abondante au cœur de l’été, et nous l’avons longuement observée au bord des fossés longeant le Chemin Vert. Nous avons aussi remarqué que leurs couleurs variaient (plus ou moins sombres) ; il s’agit de l’effet Tyndall permettant de réguler la température interne en fonction des circonstances météorologiques….
Ce sont pour l’instant les deux espèces d’odonates connues, habitant le cours rapide du ruisseau de Rochecardon et de Saint André. Une autre espèce, l’Agrion à larges pattes n’a pas été revue depuis de longues années…
Ci-dessous à gauche, l’individu mâle d’un Caloptéryx hémorroïdal (Calopteryx haemorrhoidalis) est une espèce méditerranéenne. Un seul individu a été rencontré et photographié. Serait-ce une migration accidentelle ou un individu égaré ? A suivre! Et à droite, c’est la femelle du Calopteryx vierge.
Les espèces d'eau stagnante
Elles sont bien plus nombreuses. Lors d’inventaires des années passées nous avions répertorié une bonne dizaine d’espèces de libellules. Il serait intéressant de les retrouver lors de futurs inventaires! Agrion à larges pattes, Leste brun, Agrion à corps de feu, Agrion jouvencelle, Aeschne bleue, Libellule déprimée, Sympetrum fascié, Sympetrum rouge sang, et bien d’autres encore…
Très bel article !
Bravo et merci
Que de belles choses dans le vallon !
Merci pour ce reportage, on fait de belles découvertes rien qu’en ouvrant ses yeux et ses oreilles dans ce coin de paradis !
Quelles couleurs souvent extraordinaires que celles des libellules. Je découvre que les espèces sont différenciées suivant les types de milieux aquatiques (eaux vives ou stagnantes), et suis surpris par l’évolution entre le stade larvaire assez brut et celui plus « élégant » de l’adulte.
Merci à l’équipe.