L’article ci-dessous fait suite à celui du 1er mars 2023 à propos du recours gracieux rejeté depuis par la mairie de Saint Didier au Mont d’Or…
Préservation de la nature ?
Depuis 1989, année de création de l’association Roch’nature, ces trois courts de tennis et leur projet d’extension, chemin des Rivières , étaient déjà un sujet d’inquiétude. Nous étions confrontés à une certaine conception de l’urbanisation des années 60/70 : la nature était un vide inutile et improductif qu’il s’agissait de remplir avec des activités en tous genres.
Aujourd’hui, avec l’effondrement de la biodiversité et la prise de conscience d’une nature en péril, considère-t-on ces espaces avec un autre regard? Pas sûr! …
2019, nouvelles règles d'urbanisme, une amélioration?
Nous avions cru à cette prise de conscience pour préserver les corridors écologiques et à un engagement pour une restauration des parties dégradées. Cela demandait évidemment une traduction concrète dans les documents législatifs. Il nous semblait même qu’un déplacement plus central des tennis vers le bourg, aurait pu être bénéfique aux adeptes de ce sport. A proximité de leur domicile, ils auraient la possibilité de s’y rendre à pied ou en vélo…
A chaque révision du PLU (anciennement POS), document incontournable fixant les règles et limites entre zones constructibles et zones naturelles, Roch’nature demandait inlassablement le classement de cette zone de loisirs (N2l) en zone naturelle (N1), car située au cœur de la trame verte, et au bord du ruisseau de Rochecardon !
Lors de la dernière révision du PLU-H en 2018, nous avons découvert avec stupeur que, non seulement ces trois courts de tennis restaient en zone de loisirs (devenue N2s1) avec une possible extension au sud, mais, cerise sur le gâteau, deux nouveaux droits à construire étaient prévus sous forme de STECAL (Secteur de Taille Et de Capacité Limitée) pour couvrir deux tennis.
Bien évidemment, nous avons réagi lors de l’enquête publique de ce PLU-H. Voici la réponse de la métropole dans le rapport de l’enquête : « la réalisation uniquement de la couverture de trois terrains de tennis existants, est compatible avec la trame verte du SCOT (Schéma de COhérence Territoriale). De plus, comme mentionné dans la fiche STECAL N2s1 des prescriptions d’urbanisme, le projet de couverture devra tenir compte des articles 2 du règlement N2 qui impose de prendre en compte le paysage environnant et de limiter leur impact sur l’environnement». Cette réponse ignore totalement les aspects de biodiversité et de migration des populations animales, en bref, ignore la préservation de la nature, raison d’être de l’association!
Vous l’avez compris, ces réponses n’ont pas réjoui l’association. Quelle est donc cette compatibilité avec la trame verte inscrite dans le SCOT ? Ce document affirme pourtant bien «l’importance des continuités écologiques pour assurer la migration des espèces et les échanges génétiques, donc le maintien de la biodiversité. La préservation et la restauration de ces continuités est importante pour assurer la résilience de cette biodiversité face aux modifications anthropiques. Leur fragmentation n’est pas recommandée». Une carte indique même les obstacles aux continuités écologiques. Et ces trois courts de tennis en font partie…
Mais qui a lu avec attention les 880 pages du SCOT, notamment celles sur la biodiversité ?
Le permis de construire auTribunal Administratif
L’association a donc déposé le 5 mai 2023 un recours au Tribunal Administratif contre la mairie de Saint-Didier demandant l’annulation de ce permis de construire et le reclassement définitif en zone Naturelle N1. Suite à ce recours, la mairie a organisé une rencontre pour tenter de trouver un compromis et nous a même proposé de baisser la hauteur des bâtiments de 1m 60 pour en limiter l’impact visuel (10 mètres au lieu de 11 mètres 60). Nous leur reconnaissons cet effort pour engager le dialogue. Mais notre objectif est de ne pas pérenniser cet équipement dans ces lieux, mais plutôt de procéder à son déplacement, notamment vers un «emplacement réservé» existant déjà, sur le plateau de Crécy, d’une surface d’environ 17.000 m². Les trois courts de tennis actuels occupent seulement 3500 m² ; ils auraient ainsi toute leur place. Par ailleurs, c’était une proposition d’une liste concurente qui a échoué aux dernières élections municipales, se trouvant aujourd’hui dans l’opposition.
Le prix du terrain en zone naturelle est estimé entre 50 centimes et 1 euro le m² ; il ne peut évidemment pas faire concurrence avec les terrains constructibles à Saint Didier!
Alors quel prix pour la biodiversité ?
Roch’nature pourra-t-elle enfin faire évoluer cette conception des années antérieures, d’une “nature inutile et improductive”, vers une nature vivante et essentielle à notre bien-être ?
Fort bien résumé et argumenté !
Les exceptions, les petits arrangements, les ajustements à la marge font que l’objectif principal est perdu de vue… Tout est dans le changement de zonage arraché par la municipalité de saint Didier.
Heureusement les bénévoles de Roch’Nature veillent. Merci à eux